L’ENSD des Gargattes, acquis en 2014, représente à ce jour le plus grand Espace Naturel Sensible Départemental d’un seul tenant géré par le SMCG. Pour parvenir à acquérir pas moins de 283 ha, l'Agence de l'eau a aidé financièrement le Conseil Départemental du Gard à hauteur de 80%.
Les différents suivis et prospections naturalistes menés sur ce site depuis son acquisition n’ont fait que confirmer son intérêt fort pour la conservation de certaines populations, d’oiseaux d’eau notamment. Ici les enjeux sont internationaux. Le SMCG expérimente par ailleurs, depuis deux saisons, la mise en place sur ce site d’une gestion raisonnable et raisonnée de la pratique de la chasse au bénéfice des habitants du territoire. D'ores et déjà, cette nouvelle activité a contribué à faire connaître les politiques de préservation et de valorisation des espaces mises en œuvre par le Département.
Cette propriété est située sur deux communes, Saint-Gilles et Vauvert ; entourée par les marais de la Fosse, à l’ouest, et le canal de Capette (RD 179) à l’est. Elle est proche du Centre du Scamandre, à environ 1 km en direction du sud.
Sur l’aspect purement naturaliste, ces marais constituent une zone d’accueil pour l’avifaune patrimoniale de la roselière : Butor étoilé, Blongios nain et certains passereaux paludicoles tels que la Luciniole et le Bruant des roseaux méditerranéen, notamment. Ils offrent aussi une importante zone d’alimentation et de repos pour l’avifaune migratrice : migration pré et post-nuptiale des limicoles et d’accueil des hivernants : canards du nord de l’Europe en migration partielle en Camargue (Anatidés en halte migratoire). Tous les ans ce site accueille plus de 10 % des Sarcelle d'hiver hivernants dans le Delta du Rhône. En seulement 2 années de suivis, et malgré les assecs alternés sur Coute et Gargattes, 61 espèces d’oiseaux sont considérées comme potentiellement nicheuses (359 en France au total).
Parmi les espèces « terrestres », les espèces patrimoniales (Œdicnème, Rollier…) ne semblent pas vraiment présentes en grand effectif. Le site offre aussi refuge à des effectifs relativement importants d’espèces plus communes, dont le nombre les fait évoluer vers un statut de «remarquables » : Tourterelles des bois, Faisan de Colchide, Cisticole des joncs…
C'est une zone d’hivernage régulière avec plusieurs observations par année pour de nombreux hivernants rares : Butor étoilé, Aigle criard, Héron bihoreau…
Le dortoir de Grues cendrées observé de novembre à février est assez impressionnant et témoigne lui aussi de la quiétude que procurent les marais de ce site. Les maximas sont de 3000 individus, ce qui correspond à 1/3 des effectifs du delta du Rhône.
Au niveau flore, Baldellia ranunculoides, ou fausse renoncule, est une espèce patrimoniale bien présente aux Gargattes. Cependant, en Languedoc-Roussillon, elle n’a pas de statut de protection comme dans d’autres régions françaises.
Des habitats d’intérêts communautaires sont présents, par exemple dans la partie nord-ouest des Gargattes avec des prés salés offrant différents faciès à joncs : prés salés à Juncus gerrardii et Carex divisa ; prés salés à Juncus maritimus et J. acutus, pour les plus emblématiques. Dans ce secteur, on rencontre également des groupements méditerranéens à Paspalum (Paspalum distichum), groupements qui se rencontrent habituellement au bord des grands cours d’eau en y occupant de petites plages. Ce type d’habitat d’intérêt communautaire couvre des aires très restreintes. Il est aux Gargattes fortement dégradé et peu diversifié en termes de végétation du fait du fort recouvrement par la Jussie. Dans ces marais, la Jussie est bien développée et ne semble pas régresser malgré le long assec et le double passage de disques réalisés en 2015, . De même, on signalera d’autres espèces envahissantes dont l’Amorpha fruticosa, où faux-indigo, présent le long des roubines qui parcourent les marais. Cette espèce se développe aux Gargattes (N.W) en colonisant des zones où l’eau douce prédomine et en provoquant la fermeture et la dégradation du milieu. Il faut mentionner enfin le développement inquiétant du Baccharis hamilifolia ou Séneçon en arbre, très présent sur le marais des Gargattes et de Coute, et très envahissant sur les phragmitaies « hautes ».
La situation géographique de la propriété contribue à l’importance du site puisqu’il matérialise une coupure entre deux vastes zones exclusivement agricoles, et constitue en ce sens un véritable corridor écologique entre le Petit Rhône et ses ripisylves, au sud, et le complexe du Scamandre-Charnier, au nord.
D'un point de vue hydraulique, l'alimentation a lieu depuis le canal de capette à l'Ouest. La mise en eau quasi permanente et la circulation de l'eau permettent le maintien de milieux relativement doux, avec une eau très limpide et des herbiers de Characées.
Un troupeau de quarante chevaux Camargue pâture sur l'Espace Naturel Sensible des Gargattes tout au long de l'année, il maintient un équilibre dans l'ouverture des milieux et la lutte contre les espèces végétales envahissantes.
A partir de 2017, des stages photographiques vont permettre d’ouvrir les portes de ce site à un public encadré, qui aura la chance de le découvrir dans des affuts flottants qui préservent la tranquillité des lieux et permettent d'être proche des animaux.